Journal de Dilitirìo

[Dilitirìo]

Jour 0

Je me réveille dans un lit vierge, sans couverture, sans matelas.
Immédiatement, mon lit me manque, avec la couverture bleu ciel... Non, n'était-elle pas rouge ? Je ne sais plus...
Je regarde autour de moi. les murs sont blancs et vides. Je repense à ma chambre. Il y avait des cartes sur mes murs... A moins que ce ne soient des posters pour des films ? Je ne sais plus... Je suis en train de tout oublier...
Je me rendors.

Jour 1

Je suis un nouvel homme. Presque aucun souvenir n'est resté dans ma mémoire. Je me lève et j'observe les vitres d'où me regardent des hommes en blouse blanche.
Le blanc, du blanc partout !
Je détourne le regard et j'aperçois un homme. Sa peau est brune et il bave. Il avance vers moi maladroitement, avec un regard dément.
D'un seul coup il me saute dessus et me fait tomber du lit. je lui fait face. C'est un peu comme une arène des gladiateurs de l'époque romaine.
Je n'ai aucune chance depuis le début.
Ce n'est pas moi qu'ils testent, mais lui.

Jour 4

Ils m'ont récupéré et soigné. Après tout, je peux toujours servir, même après avoir été à moitié démembré.
La preuve, un homme me regarde avec un sourire triomphant. Il jubile et parle de son expérience qui m'a presque tué. Puis il part en me laissant moisir là.

Jour 5

A peine avoir récupéré de la session de démembrage, ils m'envoient dans une autre salle. Là, je fais face à un homme normal.
Cependant, il a des excroissances étranges qui ont déchirés certaines parties de sa peau. J'hallucine en réalisant que c'est de la pierre. Ce doit être possible à faire génétiquement, mais cet homme n'a pas l'air de souffrir et on dirait que la pierre fait partie de son squelette et ne le gêne pas.

"Allez-y, test de combat Ilmock numéro 2"

Je regarde l'homme. Il est bien plus intelligent que celui avec la peau brune. Il se déplace lentement vers moi et sans que je ne puisse rien faire, il balance son bras vers moi. J'ai bien esquivé, pourtant il m'a heurté en plein menton. Je vois trouble mais je discerne quand même son bras, qui s'est allongé. Ou plutôt... De la pierre est sorti de son poing à une vitesse incroyable. Il me regarde avec fureur et se jette sur moi en criant des paroles d'un dialecte qui m'est inconnu. J'arrive à me défendre en le frappant une ou deux fois, mais mon poing ne fait qu'égratigner la pierre, qui elle, me lacère la peau.
Sanguinolent, je recule en soufflant à grands coups. C'est toujours moi le rat de laboratoire, et je n'ai aucune chance contre leurs monstres.
L'homme-caillou se mets à courir très vite et me percute. D'un coup d'épaule, il m'envoie contre le mur et je sens déjà l'inconscience me saisir.
J'ai l'impression que des souvenirs de ma vie d'antan reviennent. L'exaspération me gagne. Je peux me souveni ! Mes mémoires sont à portée de main, mais je n'ai aps la force de me lever et de les saisir. J'ai l'impression d'être le vieux cliché de héros amnésique que je retrouve dans mes livres et films.
Mes livres et mes films... De ma vie d'avant. Je me souviens de cela, de choses inutiles. J'essaye de me rappeler de totues mes forces du reste.
Il est totalement futile d'essayer de résister ou de sa battre...
La vie est tellement futile...

Jour 6
Je suis brisé. Côtes fracturées, nombreuses lésions et hématomes divers, coupures... Mais ils me rafistoleront. Ils le font si bien. Ils me réparent et me renvoient me faire charcuter. Je suis un peu un punching ball qui sert à des gamins immatures qui veulent se défouler...

On m'apporte un verre d'eau. Je verse l'eau par terre et je mords dans le verre. Le sang coule et des médecins arrivent et me soignent. Je n'ai même plus la force de mettre fin à ma vie... Les bouts de verre ne m'ont même pas traversé le palais.
Ils me font marcher lentement. Je passe dans un couloir avec des verrières, et là je vois un adolescent de mon âge, qui travaille sur des machines complexes et bizarres.

Je pense qu'il peut me comprendre simplement parce qu'il a mon âge. Simplement parce que cela m'arrange. Mais une vitre nous sépare, il est en train de bosser, et le rat de laboratoire, c'est moi, et pas lui. Je commence à le haïr et tous ceux dans la salle. Des larmes coulent sur mes joues. Je suis tellement impuissant...
Mais un jour, ils verront...
Un jour je leur montrerais que le rat de laboratoire qu'ils ont torturé et humilié portait la peste. On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Ils verront, ces gens hautains... Sales scientifiques... je les prendrais à leur propre jeu, je trafiquerais mon propre corps, et je leur ferait voir de grandes ombres, moi aussi.

Jour 7

On me détache. On dit que quelqu'un d'important veut me voir. Je n'y comprends rien, je m'en fiche qu'il soit important ! Qu'il m'aide, c'est tout ce que je demande... Il y a trop de blanc...
On m'amène devant l'homme. Il est grand et maigre et porte des lunettes. Il est très jeune, voire trop pour un scientifique. Mon impuissance se fait ressentir quand je n'arrive même pas à estimer son âge à cause de la fatigue. Pourtant, j'ai la désagréable impression qu'il n'y a pas que ça...
Lui aussi est en blouse blanche. Mais c'est un blanc qui n'est pas pareil. Il me rassure et m'apaise. Honnêtement, je n'ai jamais pu expliquer pourquoi.

"Salut petit. Appelle moi Neil."

Il a l'air sympathique et c'est le premier qui a quelque chose d'humain. Il me tends la main. Je la serre mais je la retire immédiatement.
Qu'est ce que c'est que ce truc ?

"Ah oui. Les drogues ont du affiner tes sens et tu perçois des choses qu'il serait préférable que tu ne vois pas et encore moins que tu analyses... Je suis surpris, tu es un des rares à sentir cela. Tu vois des nuances violettes autour de mon corps, c'est cela ?"

Je suis à la limite de souiller mes vêtements, mais je me retiens. Ce type est terrifiant. je secoue la tête et je parviens à articuler :

"De grandes ombres..."

Le scientifique perds son sourire pourla première fois et fronce les sourcils. Ma réponse n'a pas l'air de lui plaire, ou alors il est surpris. Enfin il se lève et me dit :

"Je n'ai pas beaucoup de temps, mais je verrais ce que je peux faire de toi."

Il sors de la pièce. Immédiatemment, on vient me chercher et on me remmène sur le lit blanc, là où l'on me trafique et l'on me bricole le corps. Après, je perds la notion du temps. Je me réveille de temps en temps, avec Neil à côté de moi, en train d'examiner des données et en train d'examiner des liquides et de prendre des notes.
Il est sympa, mais je ressens un mélange de crainte et de respect, et parfois j'ai peur de lui à un point.
Un jour, un scientifique entre. Il vocifère contre Neil qui est en train d'examiner un échantillon de mon sang.

"Bravo, à cause de toi, on a la FSSU dans le quartier général ! On se fait décimer!"

Neil continue de faire diverses expériences sur mon sang et je m'inquiète pour lui, et aussi un peu pour moi. Le scientifique insiste et Neil finit par soupirer. Il se lève et dit :

"Salut, Dilitirìo !"

Je ne l'ai plus jamais revu. Après, j'ai subi des expériences bizarres. Ils m'ont injectés des produits qui me faisaient atrocement souffrir. Ceux qui me faisaient les plus peurs étaient ceux de Neil. Les liquides rentraient dans mon corps et c'était fini. Rien, pas de douleur. Cette angoisse me minait et j'avais peur.
Un jour, la salle a explosé. Des soldats sont entrés, armés de fusils et mitraillaient les scientifiques.
Je sais plus comment je me suis tiré, mais j'ai eu de la chance. Je me suis enfui du laboratoire et je sais qu'ils ne tarderont pas à envoyer des traqueurs pour me ramener là-bas, mais avant, j'aimerais savoir ce qu'on m'a flanqué dans ce corps, et pourquoi, quand je rêve, je vois de grandes ombres menaçantes.